propos sur l'objectif photographique
L'augmentation de la définition des capteurs, et l'arrivée de boitiers sans miroir a conduit les fabricants d'optique à réactualiser leurs modèles.
Pour la plupart, ils adoptent un design qui renvoie au design allemand.
l'objectif, boîtier sont à considérer dans leur ensemble
Il faut maintenant nous intéresser à l'aptitude du couple boîtier/objectif photo à restituer des détails dans les zones nettes et dans les zones floues.
La définition du capteur, les possibilités de correction à la volée des défauts optiques et les caractéristiques optiques de l'objectif doivent être cohérentes.
Ainsi, sauf projet particulier, l'usage du Sony A7RIV avec une résolution d'image de 61 Mpx requiert des objectifs d'exception !
la tentation du zoom...
Dans les années 1980, on achetait son appareil 24x36 mm avec un objectif 50 mm (qualifié alors d’objectif normal). Le zoom Angénieux 70-210 mm f/3.5 était une curiosité qui faisait débat pour sa qualité optique.
Aujourd’hui, le zoom est devenu l’objectif « standard » pour le meilleur comme pour le pire sur le plan artistique.
Par essence, il nous permet de modifier le cadrage (élargir ou resserrer le plan) en agissant sur la focale sans avoir à changer d'objectif.
Cette facilité nous incite à agir sur le cadrage au détriment de la recherche du point de vue (l'endroit d’où le photographe observe la scène à représenter).
Or la perspective photographique (dite linéaire), celle que les peintres vont utiliser à la Renaissance, ne dépend pas de la focale de l'objectif. Elle dépend uniquement de la distance du sujet et de l’angle de prise de vue (frontale, contre-plongée, plongée).
Je parlerais donc, en omettant toute autre chose, de ce que je fais lorsque je peins. Je trace d’abord sur la surface à peindre un quadrilatère de la grandeur que je veux, fait d’angles droits, et qui est pour moi une fenêtre ouverte par laquelle on puisse regarder l’histoire, et là je détermine la taille que je veux donner aux hommes dans ma peinture.
Par ailleurs, par rapport aux objectifs fixes qu’il « remplace », le zoom est souvent plus volumineux, plus lourd et avec une ouverture moins élevée.
Il faudra donc s’interroger sur son besoin avant de s’intéresser aux caractéristiques techniques que son budget permet. Puis l’essayer avec son appareil pour éprouver l’équilibre de l’ensemble, l’accès aux différentes bagues de réglage...
Parmi, les caractéristiques techniques classiques à considérer :
- ouverture : valeur maximale (f/2, f/2,8, f/4…), constante / glissante, par ex. f/4,5 – 5,6 ;
- distance de mise au point minimale ;
- qualité d’image aux différentes focales (notamment aux extrêmes) ;
- dimensions (avec l’indispensable pare-soleil) et poids ;
- autofocus, stabilisation d’image
- étanchéité
- ergonomie des bagues de zooming, de mise au point…
Le zoom idéal n'existe pas. C'est un compromis qui met l'accent sur certaines caractéristiques.
Pour bien des professionnels, les excellents, chers et encombrants : 14-24 mm, 24-70 mm f/2.8 et 70-200 mm f/2.8 sont indispensables.
Pour ma part, compte-tenu des progrès techniques en matière de gestion du bruit numérique et de la stabilisation (notamment du capteur) il me semble que l'on peut privilégier l’encombrement et donc préférer un modèle d’ouverture constante f/4 (par exemple 24-105 mm).
la tentation de la focale fixe...
Un objectif à focale fixe est généralement très performant car il est réalisé avec le minimum de compromis.
Dans l’inconscient collectif des photographes argentiques cela nous renvoie aux objectifs mythiques Leica (Summilux, Summicron ou Elmar) ou Carl Zeiss (Tessar, Planar ou Distagon).
A l’époque de l’argentique, on choisissait les focales fixes selon une progression géométrique de raison √2 .../24/28/35/50/70/100/150/200/... ou de raison 2 : .../24/50/100/200/...
Choisir, c'était renoncer pour toujours, pour jamais, à tout le reste, et la quantité nombreuse de ce reste demeurait préférable à n'importe quelle unité
Le choix d'utiliser une focale fixe est forcément limitant. Cependant il stimule la créativité et il permet de gagner en cohérence et souvent en qualité.
Avec un peu d'habitude, votre regard ce concentrera uniquement sur ce que vous pouvez photographier avec votre objectif.
Techniquement, la focale fixe est généralement plus lumineuse que le zoom.
Aujourd'hui les focales fixes semblent revenir à la mode.
Dans le format 24 x 36 mm, le 50 mm occupe une place particulière. C'est une focale « universelle », lumineuse, de bonne qualité, pas trop coûteuse qui restitue la perspective de façon naturelle.
Henri Cartier-Bresson, Ralph Gibson, Bernard Plossu... ont leurs noms associés au 50 mm.
Je crois que la meilleure façon d'apprendre à cadrer est de travailler exclusivement avec un objectif 50 mm pendant plusieurs années. Il faut atteindre le stade où l'on peut se placer sans hésitation à la bonne distance d'un objet de telle sorte qu'il se trouve correctement cadré lorsqu'on porte l'appareil à ses yeux. Ce n'est qu'en répétant cet exercice encore et encore, comme un pianiste ferait ses gammes, que l'appareil devient une extension immédiate de l'œil.
Je vous propose d'aborder maintenant quelques sujets faisant l'objet de nombreux débats.
focale normale, restitution de la perspective
La question de la restitution de la perspective fait l'objet de nombreux débats. Le champ de la vision humaine est d'environ 30° (horizontal), 20° (vertical).Pour restituer au mieux la perspective, il faut regarder l'image produite sous le même angle qu'à la prise de vue. En des termes plus technique, il faut la regarder à une distance (dite orthoscopique) égale à la distance focale multipliée par l'agrandissement. D'autre part, on considère généralement qu'un tirage photo doit être regardé à une distance proche de sa diagonale.
On qualifie une optique de « standard » quand sa distance focale correspond à la diagonale du format sensible (film, capteur).
En 24 x 36 mm, la diagonale mesure 43 mm. Un objectif de focale 43 mm permettra de restituer la perspective de façon optimale lorsqu'on regarde un tirage à une distance proche de sa diagonale.
En pratique, en 24 x36 mm, il me semble les focales 35/50/70 mm restituent une vision plus ou moins « attentive » de la réalité. Le 35 mm sera plus polyvalent notament en milieu urbain.
un objectif d'ouverture f/1.4 sinon rien
Les focales fixes très lumineuses sont à la mode bien que coûteuses, lourdes et volumineuses. Les débats sur leurs performances à pleine ouverture sont nombreux.
En numérique le choix d'un objectif avec une ouverture f/1.4 ou plus (f/1.2 voir f/0.95) est un choix esthétique car il est facile d'augmenter la sensibilité avec d'excellents résultats. Avec un reflex, il assurera une visée lumineuse.
signature d'un objectif, beauté du flou...
Commençons par quelques définitions.
Certains objectifs possèdent des caractéristiques remarquables qui les définissent aux yeux de communautés de photographes : Nikon NOCT-Nikkor AI-S 58mm f/1.2. Peut-être en réaction à la précision numérique, on assiste aujourd'hui à un engouement pour d'anciens objectifs en raison pour leurs défauts optiques : Petzval, Lomogon... Leica a ainsi réédité le Summaron-M 28 f / 5.6, Thambar-M 90 f / 2.2 (du grec « thambo » signifiant « flouté »).
Selon Leica, l'objectif APO-Summicron-SL 75 f/2 permettrait de "détacher" le sujet du premier plan ou du fond parce que les objets très nets présentent un contraste beaucoup plus élevé que les objets flous.
Le « bokeh » (boke signifie flou en japonais) désigne le flou hors du plan de netteté.Le « piqué » correspond à la capacité d'un système objectif/boîtier à restituer les détails y compris dans les zones floues.
La qualité du flou dépend des caractéristiques de l'objectif et des conditions de prise de vue :
- la formule optique, les traitements...
- du nombre de lamelles du diaphragme qui permet d'obtenir des tâches rondes dans les zones floues
- la différence de contraste entre la zone de netteté et la zone floue
- la rapidité de transition net/flou qui dépend, pour un cadrage donné, de la focale et de la taille du capteur, de l'ouverture ?
- l'ouverture de diaphragme utilisée
- la distance de mise au point
- la distance entre le sujet et l'arrière plan (à plus elle est supérieure à la distance de mise au point à plus le flou important)
- la qualité de la lumière pour que la scène soit assez contrastée
Un portraitiste achètera un 85 mm f/1.4 pour la qualité du flou d’arrière-plan.
Pour ma part, j'apprécie le AF-S Nikkor 58 mm f/1.4 G pour son comportement très spécifique : un flou très progressif à courte distance et à grande ouverture, un fort piqué et une belle planéité de champs en paysage.
en conclusion...
Si ta photographie n'est pas bonne, c'est que tu n'étais pas assez près.
Sachez néanmoins que l'on obtiendra une déformation si l'on fait un portrait à une distance inférieure à 3 mètres (René Bouillot). Il faut donc éviter de cadrer en gros plan (visage) avec un 85 mm.
L’essentiel, c’est de développer son regard au fil des années.
L’essentiel, c'est d'être capable d’exprimer ses sentiments, de faire passer ses émotions.
L’essentiel, c’est l’exigence. Etudiez les travaux des peintres et des photographes et surtout travaillez avec persévérance.
Achetez par exemple un reflex avec un objectif léger et qualitatif (35mm f/1.8 ou 50mm f/1.8). Utilisez le mode priorité diaphragme et expérimentez !