Fuji GFX

Fuji GFX 50S (2017-), premier moyen-format numérique Fuji
Fuji GFX 50S (2017-), premier moyen-format numérique Fuji

moyen format

En « argentique », le qualificatif fait référence à des appareils qui utilisent des films de 6 cm de large : 4,5 x 6 cm, 6 x 6 cm, 6 x 7 cm, 6 x 9 cm, 6 x 12 cm, 6 x 17cm et 6 x 24cm. Au delà on parle de chambre « grand format ».

En « numérique », il désigne des appareils avec des capteurs de taille supérieure à 24x36 mm. Ce marché se structure autour de quelques fabricants Phase One, Hasselblad, Fuji, Leica...

Capteurs Sony pour le moyen-format :

capteur année technologie définition long. x larg. système
IMX411 2018 BSI 151 Mpx 53,4 × 40,0 mm PHASE ONE ou HASSELBALD syst. H
IMX461 2018 BSI 100 Mpx 43,8 x 32,9 mm FUJI GFX100, GFX100S
IMX161 2018 Front-Illuminated 50 Mpx 43,8 x 32,9 mm FUJI GFX50S, GFX50R, HASSELBALD syst. X

Le prix d'un capteur est proportionnel à sa surface. A titre d'exemple, le système XT Phase One composé d'un module IQ4 150MP, d'une chambre et d'un objectif à décentrement Rodenstock 23mm f/5.6 est proposée au tarif de 49000 € HT (15 mai 2021) !

Leica propose le S3, un reflex moyen format avec un capteur de 64 Mpx sans filtre passe-bas, de 30 x 45 mm (3:2). Il est proposé au tarif de 18600 € TTC (15 mai 2021) ! Certains objectifs possèdent un obturateur central (sigle CS pour central shutter) qui permet entre autre une synchronisation du flash à des vitesses élevées. A titre d'exemple, le Leica Elmarit-S 45mm f/2.8 ASPH est proposé à 6222 € TTC (15 mai 2021) !

Depuis 2016, une nouvelle génération d'appareils de type de moyen format est apparue sur le marché. Leurs boitiers sont relativement compacts et leurs tarifs, s'ils restent très élevés, deviennent abordables. La qualité des images est exceptionnelle.

le système Fuji GFX

L'argentique est au coeur de l'identité de Fuji. On pense avec nostalgie aux films Fujicolor Reala 100 ISO, la Provia 100F, la Velvia 50... mais aussi aux boitiers moyens formats télémétriques appelés quelque fois « Texas Leica ».

boîtier année capteur viseur larg. x haut. x épais. poids
GFX50S II 2021 51,4 Mpx, stabilisé 3,69 Mpt 150,0 x 104,2 x 87,2 mm 900 g
GFX100S 2021 102 Mpx, stabilisé 3,69 Mpt 150,0 x 104,2 x 87,2 mm 900 g
GFX100 2019 102 Mpx 5,76 Mpt 156,2 x 163,6 x 102,9 mm 1400 g
GFX50R 2018 51,4 Mpx 3,69 Mpt 160,7 x 96,5 x 66,4 mm 690g
GFX50S 2016 51,4 Mpx 3,69 Mpt 147,5 x 113,8 c91,4 mm 920 g

Les GFX semblent construits à partir d'une brique noire assez massive et étonnamment légère.

Fuji GFX100S

Le GFX 100S (2021) est proposé au tarif de 5999 € TTC (15 mai 2021). Il possède un capteur BSI stabilisé de 102 Mpx est stabilisé. On multiplie par 1,4 le nombre de pixels dans chaque dimension par rapport au GFX 50.

Sa prise en main est agréable ; le déclencheur, le bouton on/off sont bien positionnés. Il est bien moins lourd qu'un GFX100 (1,4kg) tout en ayant des caractéristiques techniques proches. L'écran LCD secondaire sur l'épaule droite permet de contrôler les principaux paramètres. Il est toujours visible (de jour) et il peut être rétroéclairé si besoin avec un bouton spécifique. L'écran arrière est orientable sur trois axes.

Le GFX 100S est donc un appareil plutôt agréable qui produit des images de grande qualité jusqu'à 12800 ISO.

Pour l'essentiel, ses points faibles relèvent de l'ergonomie. Certains sont communs à tous les appareils Fuji (menus). Voyons d'abord ce qui lui est propre.

Le viseur ne permet pas toujours de distinguer tous les éléments visibles dans les lointains à l'oeil nu. Le choix de conserver le viseur de 3,69 millions de points pour limiter les coûts peut se comprendre mais il n'est pas cohérent avec la définition du capteur.

La présence d'une molette de sélection de modes d'exposition (PSAM) et de 6 modes utilisateurs sur l'épaule gauche remet en cause la philosophie classique de Fuji qui se trouve résumée ci-dessous.

mode sélecteur de vitesse bague de réglage du diaphragme
P (Programme) A A
S (priorité à la vitesse) Vitesse A (auto)
A (priorité à l'ouverture) A (auto) Ouverture
M (exposition manuelle) Vitesse Ouverture
Pause T (time) ou B (bulb) T ou B Ouverture

L'ergonomie Fuji classique est très efficace mais le marketing semble avoir considéré qu'il valait mieux mettre un bouton de sélection dédié comme sur la plupart des reflex qui rend inactif la position A de la bague de réglage du diaphragme !

Voici comment fonctionne le GFX100S (configuration par défaut).

mode molette de commande avant molette de commande arrière bague des ouvertures
P (Programme) Sensibilité Décalage programme Désactivée
S (priorité à la vitesse) Sensibilité Vitesse Désactivée
A (priorité à l'ouverture) Sensibilité Désactivée Ouverture
M (exposition manuelle) Sensibilité Vitesse Ouverture

Si l’objectif dispose d’une bague des ouvertures dotée d’une position « C », les molettes de commande de l’appareil photo permettent de régler l’ouverture lorsque la bague des ouvertures est positionnée sur C.

Les pauses longues (jusqu'à 60 mm) sont réalisées en maintenant enfoncé le déclencheur dans le mode M après avoir choisi avec le sélecteur de vitesse : B (bulb). Si la bague des ouvertures de l'objectif est sur la position A, la durée maximale est de 30s.

La mollette PSAM apparue sur le GFX100, me semble être une erreur du point de vue ergonomique.

L'ergonomie classique basée un selecteur de vitesse et un sélecteur de correction d'exposition est plus simple et plus sûre que celle basée sur un écran secondaire et les molettes de commande avant et arrière. Par exemple, cela éviterait de changer la sensibilité par erreur en actionnant la molette avant. Par ailleurs, le mode d'affichage de l'écran qui simule des sélecteurs est un gadget pour ne pas dire une provocation.

La coexistence de ces deux approches différentes génère de la confusion et de l'incertitude. Enfin, la présence de 6 modes personnalisés sur ce bouton me semble excessive.

La sélection du collimateur avec le levier de mise au point n'est pas optimale.

Le réglage de la correction d'exposition qui s'effectue en appuyant sur un bouton dédié sur l'épaule droite et la molette arrière est perfectible. La touche de correction d'exposition est trop proche du déclencheur. Une molette dédiée, à la façon du GFX 50R ou du Sony Alpha 1 serait préférable.

Le choix d'une nouvelle batterie NP-W235 (pour ceux qui sont déjà équipés). J'espère que tous les prochains GFX seront dotés de cette batterie.

Enfin, le choix marketing de ne pas vendre le chargeur externe avec l'appareil est de la mesquinerie (d'autant plus qu'il s'accompagne d'un changement de batterie).

Je vous renvoie plus plus loin pour mes remarques communes à l'ensemble des GFX.

Fuji GFX100S, vue de face, 2021
Fuji GFX100S, 2021
Fuji GFX100S, vue arrière 2021
Fuji GFX100S, 2021
Fuji GFX100S et GF 30 mm f/4 R WR, vue dessus, 2021
Fuji GFX100S et GF 30 mm f/4 R WR, 2021

Fuji GFX 50R

Le Fuji GFX 50R (2018, 43,8 x 32,9 mm, 51,4 Mpx) reprend le capteur SONY de 51,4 Mpx dans un format « léger » (775 g) et « compact » (161 x 97 x 66 mm). Il possède un viseur OLED de 3,69 millions de points qui offre un grossissement de 0.77x. L'écran tactile de 3,2 pouces et 2,36 de points est inclinable.

Fuji sait fabriquer des appareils à la manière argentique. J’apprécie les molettes de sélection de la vitesse d'obturation, de la compensation de l’exposition sur le GFX50R.

Par contre, la multiplicité des « bouton fonction » personnalisables, la complexité des menus rend le GFX 50R inutilement complexe peu sûr.

Qui n’a pas appuyé par erreur sur la touche Q (menu rapide) qui permet d’afficher et modifier les réglages de l’appareil ? Qui n’a pas modifié par erreur la sensibilité en actionnant par erreur la « molette de commande avant » du GFX50R (paramètrage par défaut) ?

Bien sûr, je sais qu'il suffit d'appuyer sur le déclencheur pour « effacer » le « menu Q ». De même, il est possible de changer la fonction à la molette ou la verrouiller ou ne plus lui donner donner d'affectation.

Le Fuji GFX 50S (2016) me semble trop anguleux et massif même si ses dimensions et son poids sont proches du Nikon D810 (146 x 123 x 82 mm, 980 g). Sa prise en main est bonne et l'ergonomie trop complexe (voir plus loin).

Annoncé, début septembre, le Fuji GFX 50S II, une évolution du GFX100S avec le capteur de 50 Mpx du GFX 50S. La qualité d'image sera sans doute excellente et la réactivité meilleure. Si la stabilisation est une avancée par rapport au GFX 50R, il partage avec le GFX100S une ergonomie non aboutie. Espérons que l'éventuel successeur du GFX50R conservera l'ergonomie Fuji classique.

Avec un objectif compact comme le GF 45 f/2.8 R WR ou le GF 63mm f/2.8 R WR on dispose d'un ensemble très intéressant en photographie documentaire. Pour plus légèreté et de compacité, on peut même préférer le GF 50mn f/3.5 LM WR. Le zoom 32-64 MM f/4 est aussi une option à considérer avec attention mais je le trouve trop volumineux.

Pour moi, le Fuji GFX 50R est le plus intéressant de cette catégorie. On a un réel plaisir à photographier avec et la qualité d'image attendue est bien présente. Néanmoins, l'ergonomie reste est perfectible (position de la touche Q, molette sur le déclencheur trop facilement décalable, menus complexes, caches qui ne tiennent pas en place...).

En 2021, j'ajouterai que l'électronique manque un peu de puissance (AF pas assez réactif pour certaines scènes) et que le viseur électronique n'est pas assez défini.

Fuji GFX 50R, 2018
Fuji GFX 50R, 2018
Fuji GFX 50R, 2018
Fuji GFX 50R, 2018

Objectifs Fujinon

Actuellement, la gamme optique Fujinon GF se compose d'une douzaine de références très qualitatives : 8 focales fixes et 4 zooms

Quel objectif choisir ?

Il n’y a pas de meilleur choix dans l’absolu. Ces objectifs sont tous excellents.

La stabilisation de l'objectif ne sera probablement pas utile à terme (stabilisation du capteur).

Le zoom Fujinon GF 32-64mm f/4 est le plus versatile ; il est moins cher et moins lourd que les trois objectifs fixes qu'il « remplace ». Par contre, il est franchement plus volumineux et plus lourd qu’une seule optique (1775 g avec le boîtier GFX100S)...

La taille est le principal inconvénient de nombreux objectifs. Elle est bien sûr liée à celle du capteur et certains sont stabilisés. Heureusement, ils sont moins lourds qu'ils ne paraissent. Néanmoins, ils se remarqueront dans de nombreux environnements.

Pour ma part, j'utilise avec beaucoup de plaisir, les 45 et 63 mm.

objectif diamètre x longeur poids filtre dist. min
Fujinon GF23 mm f/4 R WR 89,8 × 103 mm 845 g 82 mm 38 cm
Fujinon GF30 mm f/3.5 R WR 84 × 99,4 mm 510 g 58 mm 32 cm
Fujinon GF 45mm f/2.8 R WR 84 x 88 mm 490 g 62 mm 45 cm
Fujinon GF 50 mm f/3.5 R WR 84 x 48 mm 335 g 62 mm 55 cm
Fujinon GF 63 mm f/2.8 R WR 84,0 x 71,0 mm 405 g 62 mm 50 cm
Fujinon GF 80 mm f/1.7 R WR 94,7 x 99,2 mm 795 g 77 mm 70 cm
Fujinon GF 110 mm f/2 R WR 94,3 x 125,5 mm 1010 g 77 mm 90 cm
Fujinon GF 120 mm f/4 R LM OIS WR Macro 89,2 x 152,5 mm 980 g 72 mm 45 cm
Fujinon GF 250 mm f/4 R LM OIS WR 108 x 203,5 mm 1425 g 82 mm 140 cm
Fujinon GF 32-64mm f/4 R LM WR 92.6 × 116 / 145,5 mm 875 g 77 mm 50 / 60 cm
Fujinon GF 45-100mm f/4 R LM OIS WR 93 x 144,5 / 174,5 mm 1005 g 82 mm 65 / 82 cm
Fujinon GF 100-200mm f/5.6 R LM OIS WR 89,5 x 183 mm 1050 g 67 mm 60 / 160 cm
Fujinon Teleconverter R GF1.4X TC WR 82 x 26,7 mm 400 g

Linear Motor (LM), Optical Image Stabilization (OIS), Weather Resistant (WR)

Caractéristiques communes : ouverture min. f/32 (f/22 pour les GF 80 et 110 mm), diaphragme avec 9 lamelles.

Fujinon GF 45 mm f/2.8 R WR, 2017
Fujinon GF 45 mm f/2.8 R WR, 2017
Fujinon GF 63 mm f/2.8 R WR, 2017
Fujinon GF 63 mm f/2.8 R WR, 2017

Objectifs compatibles avec la monture GF

Sur le papier, certains de ces objectifs apportent une grande ouverture (f/1.4). J'ai un doute sur la qualité du flou aux ouvertures moyennes en raison du faible nombre de lamelles. L'absence d'auto-focus limite les usages. Enfin, ces objectifs sont plutôt lourds.

Le Venus Laowa 17mm f/4 Zero-D n'a pas d'équivalent chez Fuji à l'heure actuelle.

objectif marque diamètre x longeur poids filtre dist. min autre
Kipon IBERIT 75mm f/2.4 Kipon 49 mm 60 cm manual focus, f/2.4 to f/16
Mitakon Zhongyi Speedmaster 65mm f/1.4 Zhong Yi Optics, Chine 82 x 96 mm 1050 g 72 mm 70 cm f/1.4 to f/16, manual focus, 6 lamelles
Mitakon Zhongyi Speedmaster 85mm f/1.2 Zhong Yi Optics, Chine f/1.2 to f/16, manual focus, 11 lamelles
Venus Laowa 17mm f/4 Zero-D Anhui Changgeng Optics Technology Co., Ltd (Venus Optics), chine 88 x 124,5 mm 829 g 86 mm 20 cm manual focus, 5 lamelles
Irix Dragonfly 45mm f/1.4 Irix 87 x 144 mm 1120 g 77 mm 40 cm f/1.4–f/22, manual focus, 9 lamelles,

Des menus très perfectible

Malheureusement, l’ergonomie Fuji ne se concentre pas sur l’essentiel. J'ai repris ici les défauts que partagent tous les Fuji GFX.

Les menus sont caractérisés par une sorte d’horreur du vide. La multiplicité des fonctions et des options, la traduction singulière et le positionnement complique à l’excès la recherche de fonctions élémentaires.

Formater sa carte se trouve dans configuration utilisateur. La personnalisation (Mon menu) qui permet d’enregistrer et de renommer certaines fonctions ou paramètres ne compense pas.

La documentation Fuji est indigente

Pour l’essentiel, elle se contente de lister succinctement les fonctions et les paramètres !

Pour illustrer le propos, supposons que nous cherchions à étendre la profondeur de champs en utilisant la technique du « focus staking » ou empilement de mise au point.

Consultons pour cela le « Manuel du propriétaire du GFX50R (BL00004964-304 FR) » ou la documentation en ligne [consulté le 16 avril 2021] disponible à l’adresse : http://fujifilm-dsc.com/en-int/manual/gfx50r/ (optimisé par google)

Tout d’abord, le terme « focus staking » n’existe pas dans la documentation (tout comme le terme « backtracking »). Il vous faudra trouver « BKT de mise au point » dans le menu « Configuration prise de vue » dans le manuel ou « [Focus BKT] » dans la documentation en ligne.

Le manuel est pour le moins synthétique : [Focus BKT] Manuel Fuji GFX50R

Le manuel en ligne est comme vous pouvez le constater un peu plus didactique : [Focus BKT] Manuel en ligne Fuji GFX50R.

On pourra objecter qu’il s’agit d’une technique relativement complexe mais on peut douter que l’acheteur d’un GFX50R consulte la documentation pour fixer la courroie (qui occupe les page 26 et 27 du manuel) !

En outre, il faut savoir que certaines configurations demandent des paramétrages à plusieurs endroits...